La royauté française vers l'absolutisme
- elias akoka
- 3 mai
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I) Un pouvoir royal affaibli durant les guerres de religion
A) François Ier et Henri II
Dans la première moitié du 16ème siècle, le règne de François Ier (1515-1547) est marqué par un renforcement de l’autorité royale et un développement de l’administration. Les grands féodaux appauvris par la hausse des prix cherchent à vivre près du roi afin qu’il leur accorde des pensions et se transforme ainsi en courtisans. La cour du roi (toutes les personnes qui gravitent autour du roi) est itinérante et se déplace de châteaux en châteaux le long de la Loire. François Ier s’illustre par sa politique de soutien aux artistes, notamment italiens qu’il introduit en France à son retour des campagnes menées en Italie (il cherche à conquérir le duché de Milan et le royaume de Naples). Lors du concordat de Bologne, François Ier obtient du pape Léon X le droit de nommer les évêques et les archevêques et s’assure ainsi la docilité du clergé. Il renforce aussi l’administration : l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 impose que tous les actes officiels soient rédigés en français (et non plus en latin) et qu’un registre d’Etat civil soit tenu dans chaque paroisse (le curé doit enregistrer tous les baptêmes, les mariages et les décès). Face au progrès du protestantisme en France, François Ier adopte d’abord une attitude conciliante mais, en 1534, l’affaire des placards (des protestants affichent à Paris et jusque sur la chambre du roi au château d’Amboise des propos insultants pour le pape) le convainc d’être nettement plus intolérant envers les huguenots (nom donné aux protestants français).
Le successeur de François Ier, le roi Henri II (1547-1559), est un catholique fervent qui persécute les protestants et décide de mettre fin aux guerres d’Italie par le traité de Cateau-Cambrésis en 1559 afin de faire la paix avec l’Espagne, rivale de la France en Italie mais championne de la lutte contre les protestants en Europe. Henri II meurt la même année dans un tournoi et c’est donc son fils de 15 ans, François II qui lui succède, mais ce dernier meurt lui aussi à peine un an plus tard.
B) Les guerres de religion en France

C’est donc le deuxième fils d’Henri II, Charles IX (1560-1574), qui hérite du trône sous la régence de sa mère Catherine de Médicis. Catherine de Médicis et son chancelier Michel de l’Hôpital essayent de mener une politique de réconciliation nationale et de tolérance. En janvier 1562, les protestants obtiennent ainsi le droit de célébrer publiquement leur culte dans les faubourgs de la ville et dans leur maison à l’intérieur des villes, mais les fanatiques catholiques ne l’entendent pas de cette oreille. En mars 1562 à Vassy (en Champagne), le duc de Guise massacre des protestants en train de prier dans une grange. Ce massacre de Vassy est le début d’une série de guerres entrecoupées de trêves entre catholiques et protestants, les guerres de religion.
Les guerres de religion se caractérisent par des massacres de part et d’autres, le plus célèbre d’entre eux est celui de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572. Charles IX, influencé par le chef des protestants, l’amiral de Coligny, veut reprendre la guerre contre l’Espagne en s’alliant aux protestants allemands, aux Turcs et à l’Angleterre et, pour sceller la réconciliation entre catholiques et protestants, il marie sa sœur Marguerite (la reine Margot) à un chef protestant, Henri de Navarre (le futur Henri IV). Durant la noce qui a lieu à Paris (une ville acquise au catholicisme), Catherine de Médicis qui craint qu’une enquête ne révèle son implication dans la tentative ratée d’un assassinat de Coligny, convainc son fils de faire assassiner tous les nobles protestants venus assister au mariage. C’est chose faite dans la nuit hormis pour ceux qui abjurent de leur foi et qui se convertissent au catholicisme (c’est ce que fait Henri de Navarre). À partir du massacre de la Saint-Barthélemy de nombreux protestants remettent en cause l’autorité du roi qu’ils qualifient de tyrannique.
L’autorité royale est aussi remise en cause par les catholiques unis dans une Ligue menée par le duc Henri de Guise. En mai 1588, le duc de Guise force le roi Henri III (1574-1589), le troisième fils d’Henri II, à quitter Paris et menace de prendre le pouvoir. Henri III feint de lui pardonner mais le fait assassiner au château de Blois en décembre. Henri III s’allie alors à Henri de Navarre (redevenu protestant) et le désigne comme son successeur. Ensemble, ils mettent le siège devant Paris en 1589 mais Henri III est poignardé par un moine membre de la Ligue, Jacques Clément.

II) Henri IV, la fin des guerres de religion et le rétablissement de l’autorité monarchique

Henri IV, bien que plus proche parent du roi décédé et désigné comme successeur, ne peut s’emparer du pouvoir immédiatement. Il doit d’abord mener la guerre contre la Ligue qui menace de mettre sur le trône de France la fille du roi d’Espagne, Isabelle. Paris résiste à tous les sièges menés par Henri IV et une armée espagnole vient en renforcer la défense. Henri IV remporte cependant une série de victoires sur la Ligue (Arques, Ivry … ) et son abjuration du protestantisme en 1593 lui ouvre la voie du sacre en 1594 (il n’est cependant pas sacré à Reims comme le veut la tradition, mais à Chartres car la ville de Reims est tenue par la Ligue). Henri IV réussit ensuite à chasser les Espagnols hors de France et conclut avec eux la paix de Vervins en 1598. La même année il promulgue l’édit de Nantes qui autorise les protestants à célébrer publiquement leur culte et leur permet, durant huit ans, d’occuper une centaine de places fortes.
Henri IV, aidé par son principal ministre Sully, rétablit l’autorité royale et redresse l’économie française en favorisant l’agriculture (« pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France » disait Sully). Il agrandit le royaume en s’emparant, en 1600, de la Bresse et du Bugey (l’actuel département de l’Ain) au dépend du duc de Savoie-Piémont et il envisage, en 1610, d’entamer une guerre contre les Habsbourg mais il est poignardé par un catholique fanatique, Ravaillac, avant de pouvoir mettre ce projet à exécution.
III) Louis XIII, Richelieu et Mazarin : vers l’absolutisme malgré les résistances

À la mort d’Henri IV, son fils est encore trop jeune pour régner et c’est donc sa femme, Marie de Médicis qui gouverne en tant que régente. Elle accorde sa confiance à Concini qui gouverne pour elle, mais, en 1617, le jeune Louis XIII fait assassiner Concini et prie sa mère de ne « se mêler de rien ». Il laisse gouverner son favori, Luynes, mais face aux révoltes de grands nobles et des protestants dans le Midi en 1624, Louis XIII confie le pouvoir à un nouvel homme, le cardinal de Richelieu. Une des premières mesures de Richelieu est de reprendre les places fortes accordées aux protestants par l’édit de Nantes. Il fait ainsi mettre le siège devant la Rochelle qui refuse de se rendre. Il engage aussi la France dans la guerre de Trente Ans contre l’Espagne et aux côtés des protestants.
La politique de Richelieu ne lui fait pas que des amis : en 1630, la reine mère Marie de Médicis qui exige de son fils le renvoi de Richelieu croit obtenir gain de cause mais c’est elle qui est emprisonnée (elle s’enfuit finalement en Flandres), c’est la Journée des Dupes. Le frère du roi, Gaston d’Orléans, qui est pendant longtemps le seul héritier de Louis XIII (celui-ci tarde à avoir un enfant avec sa femme, Anne d’Autriche) multiplie sans succès les complots. Richelieu meurt en 1642 (il est enterré à la Sorbonne) et Louis XIII le remplace par un de ses collaborateurs, Mazarin.
IV) Louis XIV, le roi-Soleil, et l’apogée de l’absolutisme

Louis XIII suit de peu Richelieu dans la tombe puisqu’il meurt un an plus tard en 1643. Sa femme, Anne d’Autriche, devient régente (le fils de Louis XIII, le futur Louis XIV n’a encore que cinq ans) et confie le pouvoir à Mazarin. Le pouvoir de Mazarin et d’Anne d’Autriche est cependant contesté par le Parlement de Paris et les grands nobles. En 1649, Anne d’Autriche, Mazarin et le jeune roi s’enfuient de Paris et une période de guerre civile (de 1649 à 1652), la Fronde, s’ensuit. En 1653, Mazarin et la cour royale reviennent triomphalement dans Paris.
Le règne personnel de Louis XIV commence à la mort de Mazarin 1661 et il décide alors de ne pas avoir de premier ministre mais de gouverner seul. Le règne de Louis XIV est l’apogée de l’absolutisme, c’est à dire d’un roi qui ne prétend tenir son pouvoir que de Dieu (un roi de droit divin) et qui refuse de rendre compte de ses actes à qui que ce soit. Pour appuyer son pouvoir, Louis XIV décide de quitter Paris (il a été marqué par l’épisode de la Fronde et se méfie du peuple de Paris) et de transférer la cour royale au château de Versailles (modeste pavillon de chasse sous Louis XIII qu’il fait transformer en palais somptueux) à partir de 1682 et oblige les grands nobles à y habiter. Il décide aussi d’unifier le royaume religieusement en révoquant, en 1685, l’édit de Nantes : les protestants doivent se convertir ou fuir le royaume, ces persécutions sont appelées dragonnades (du nom des soldats, les dragons, chargés de faire appliquer cette décision).
Le règne de Louis XIV est marqué par d’incessantes guerres d’abord victorieuses puis perdues. Il a agrandi la France de l’Artois, de la Franche-Comté, de l’Alsace et des Trois évêchés (Metz, Toul et Verdun en Lorraine) se dote, sur le conseil de son ministre Colbert, d’une marine de guerre puissante et garnit les frontières d’un réseau de forteresses érigées par l’architecte Vauban (« la ceinture de fer »).
Enfin Louis XIV s’appuie sur une administration centralisée et mène une politique de propagande à travers l’art. Il finance les auteurs de théâtre Molière, Corneille ou Racine, les peintre le Brun et Nicolas Poussin, l’architecte Perrault, le fabuliste La Fontaine et la jardinier Le Nôtre ou le musicien Lully. Son règne marque l’apogée du style classique. Il aime à se faire représenter en Apollon (le Dieu du Soleil et de la beauté dans la mythologie gréco-romaine) et se fait surnommer le Roi Soleil.
À sa mort, en 1715, il laisse le souvenir d’un roi mécène qui représente une politique de grandeur et de prestige, mais aussi d’un roi tyrannique qui a écrasé les paysans d’impôts et mené une politique d’intolérance.


