top of page
  • Youtube
  • Instagram – D'Arts & D'Histoires
  • Facebook – D'Arts & D'Histoires

la crise religieuse du XVIe siècle: le schisme entre catholiques et protestants (Réforme et Contre-Réforme)

Dernière mise à jour : 8 avr.



François Dubois, le massacre de la Saint-Barthélemy, musée des Beaux-Arts de Lausanne
François Dubois, le massacre de la Saint-Barthélemy, musée des Beaux-Arts de Lausanne

Au XVIème siècle, le catholicisme connaît un schisme (division religieuse) entre catholiques qui restent fidèles au pape et protestants qui rejettent son autorité. Comment et pourquoi un tel schisme ?


frise chronologique: Réforme et Contre-réforme

I) la Réforme

A) Martin Luther et la Réforme



Lucas Cranach, Martin Luther

La rupture née avec un moine augustin établi en Saxe (dans le Saint Empire Romain Germanique), Martin Luther. Martin Luther est professeur de théologie à l’université de Wittenberg et a pour ambition de réformer l’Eglise. En 1517, il placarde sur la porte de l’église de Wittenberg un pamphlet qui comprend 95 thèses où il expose des critiques envers le pape et les réformes qui doivent être accomplies dans l’Eglise catholique pour lui redonner sa pureté originelle : il s’insurge contre la vente d’indulgences pour financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre à Rome, le dogme du Purgatoire  et la corruption du haut-clergé (les papes, les cardinaux et les évêques). Le pape Léon X lui ordonne de se rétracter mais Luther persiste avant d’être excommunié en 1521. La même année L’empereur du Saint-Empire Romain Germanique, Charles Quint (qui est aussi roi d’Espagne, duc de Bourgogne et roi de Naples et de Sicile) le convoque devant la Diète (une assemblée générale des Etats du Saint-Empire romain germanique) de Worms pour le convaincre de renoncer : Luther refuse et il est mis au ban de l’Empire mais il n’obéit pas et trouve refuge auprès du prince de Saxe, Frédéric III. La rupture est alors consommée : à partir de cette date, Luther ne se contente plus d’appeler à réformer l’Eglise, il prône une nouvelle religion basée sur des principes fondamentaux en rupture avec le catholicisme :

_l’homme ne peut mériter son Salut, seul Dieu peut lui accorder. Ce ne sont donc pas les mérites, le statut social ou une doctrine qui peuvent conduire au Paradis mais uniquement le jugement de Dieu.

_Jésus est le seul intermédiaire entre les hommes et Dieu, il ne peut donc y avoir de clergé et le culte des Saints ou de la Vierge Marie sont rejetés.

_Seule la Bible peut faire autorité en matière de foi. Luther traduit la Bible en allemand (auparavant elle n’était écrite qu’en latin) pour que tout un chacun puisse la lire.

_les luthériens ne conservent que deux sacrements (et non sept comme les catholiques), le baptême et le mariage. Les fidèles sont encadrés par des pasteurs qui, contrairement aux prêtres catholiques, peuvent se marier. L’ornement des églises est refusé.

Très vite, malgré l’opposition du clergé et de l’empereur Charles Quint, les idées de Luther se propagent dans tous le Saint-Empire romain germanique et même dans l’ensemble de l’Europe notamment par l’intermédiaire des livres imprimés et des gravures.

En 1529, Charles Quint veut obliger ses sujets à renoncer à cette nouvelle religion, des princes du Saint-Empire romain germanique et les adeptes de la nouvelle religion reformée prônée par Luther prennent le nom de protestants.


B) les réformes calvinistes et anglicanes



carte de la chrétienté en Europe au XVIe siècle

D’autres réformateurs s’opposent à l’Eglise catholique sans pour autant adhérer complètement aux idées de Luther. C’est le cas de Jean Calvin (1509-1564), un français réfugié à Genève où il fonde une église protestante et publie l’Institution de la religion chrétienne en 1536, un livre qui expose ses idées. Calvin pense que les hommes sont prédestinés (Dieu a décidé à l’avance qui irait au paradis et qui irait aux enfers) et ses idées touchent les cantons suisses, les Pays-Bas, la France (en France, les protestants sont appelés huguenots) et l’Écosse.

En Angleterre, le roi Henri VIII souhaite se remarier mais doit d’abord obtenir une annulation de mariage par le pape (on ne peut divorcer selon le dogme catholique) qui la lui refuse. Henri VIII provoque un schisme et fonde l’Eglise anglicane. L’Eglise anglicane conserve le clergé de l’Eglise catholique mais c’est le roi d’Angleterre, et non le pape, qui dirige ce clergé.

II) la Contre-Réforme (ou Réforme catholique)



Andrea Pozzo, fresque de l'église Saint-Ignace à Rome
Fresque de la voûte de l’église Saint Ignace (à Rome ) par Andrea Pozzo: cette fresque en trompe l’œil et de style baroque célèbre l’œuvre des missionnaires jésuites. 1: Jésus/ 2: Ignace de Loyola/ 3: Amérique/ 4:Afrique/ 5: Asie

L’Eglise catholique réagit à la remise en cause portée par les protestants.

En 1540, un ancien militaire espagnol, Ignace de Loyola, fonde la Compagnie de Jésus (les jésuites), un ordre monastique dont le but est de propager la foi catholique. Les jésuites, en plus des trois vœux traditionnels des moines (pauvreté, chasteté et obéissance) prononcent un quatrième voeu, l’obéissance absolue au pape. Les jésuites ouvrent de nombreuses écoles, ils contribuent à faire reculer le protestantisme en Europe et diffusent la foi catholique en Amérique latine et en Asie.

Enfin de pourchasser les protestants,  le pape Paul III (1539-1549) réorganise l’Inquisition et convoque un concile à Trente en 1545. Le concile de Trente (1545-1563) réaffirme les dogmes catholiques contestés par les protestants, insiste sur la nécessité de mieux former les prêtres (une école de formation des prêtres, le séminaire, est ouverte dans chaque diocèse) et d’établir une discipline stricte. Le concile de Trente marque ainsi un durcissement des lois morales de l’Eglise : il devient interdit de parler durant la messe ou de faire rentrer des animaux dans l’église (choses courantes auparavant). Enfin le concile de Trente insiste sur la nécessité d’utiliser l’art pour édifier les fidèles et propager la foi catholique, le style baroque est particulièrement prisé.

Le pape Paul IV (1555-1559) crée la congrégation de l’Index chargée de dresser la liste (« l’index ») des livres jugés dangereux pour les catholiques, ces livres doivent être brûlés. Le pape Paul V (1566-1572) publie le Catéchisme romain (un livre d’instruction religieuse) et le missel (un livre de messe) à destination des laïcs.

Aux efforts du clergé et des papes, il faut ajouter ceux des princes ou rois restés catholiques qui luttent par les armes contre les protestants. A cet égard la dynastie des Habsbourg (à laquelle appartient Charles Quint), dont sont issus les rois d’Espagne (qui sont aussi empereur du Saint-empire romain germanique et roi du Portugal), d’Autriche, de Bohême, de Hongrie et de Naples, est la championne de la cause catholique en Europe.


Le Bernin, baldaquin de Saint-Pierre à Rome

L’art baroque: l’art baroque se caractérise par des formes courbes, la richesse des matériaux utilisés (marbre, or), la profusion des ornementations et l’utilisation de couleurs chaudes  très éloignés de la sobriété revendiqué par les protestants. Il utilise aussi de nombreux effets d’optique comme les trompe l’œil et joue sur la lumière en accentuant les contrastes et les clair-obscurs. Parmi les artistes baroques célèbres on peut citer l’architecte et sculpteur Le Bernin, Maderno et Borromini qui ont travaillé à Rome. L’art baroque s’épanouit dans les régions catholiques d’Europe mais aussi en Amérique latine.


III) Les Guerres de Religion



Franz Hogenberg, les protestants détruisent statues dans une église d'Anvers
Gravure de Franz Hogenberg qui montre des protestants  en train de détruire des statues de saints dans une église d’Anvers en 1566

L’opposition entre catholiques et protestants ne tarde pas à se traduire par des violences et l’Europe du XVIème siècle est secouée par une série de guerres aux motifs religieux. On peut citer par exemple :

_ La guerre des paysans allemands (1524-26), un soulèvement d’environ 300 000 paysans contre leurs seigneurs et le clergé qui se réclame de la Réforme (le protestantisme) mais que Luther désavoue et qui se termine par une répression féroce (100 000 paysans sont tués).

 _La guerre de Schmalkalden (1546-1547) qui oppose l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint, aux princes protestants de ce même empire et qui conduit à la paix d’Augsbourg en 1555 qui autorise les princes à choisir pour eux et leurs sujets entre le catholicisme et le protestantisme et autorise les sujets d’une autre religion à émigrer.



la guerre civile aux Pays-Bas

_La révolte des Gueux ou guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648) qui conduit la partie protestante des Pays Bas à prendre son indépendance vis-à-vis de l’Espagne pour devenir les Province-Unies (aujourd’hui la Hollande, la partie catholique est devenue la Belgique)

_La guerre de Trente Ans (1618-1648) : cette guerre qui commence à Prague (en Bohême, aujourd’hui la république Tchèque) par une révolte des sujets protestants contre la dynastie catholique des Habsbourg se propage dans tout le Saint-Empire romain germanique et bientôt à toute l’Europe : le Danemark, la Suède, l’Angleterre et la France (qui est catholique mais qui veut affaiblir les Habsbourg) viennent aider les protestants tandis que l’Espagne vient en aide aux catholiques. Cette guerre a fait quelques millions de morts et s’est terminée par le traité de Westphalie.

La France n’est pas non plus épargnée par les affrontements religieux puisqu’elle est secouée par huit guerres de Religion durant plus de trente ans (1562-1598).




bottom of page